En Espagne, en 36, à nos côtés, « ils » en étaient nos potes du Maghreb.

A l’heure de la focalisation sur un point de détail qui agite la « muleta » pour détourner nos indignations, soulevons un voile trop longtemps scotché sur une des composantes des B.I. .

Parmi les « Brigadistes Internationaux » on estime à 500, les Algériens partis se battre en Espagne, contre le fascisme, pour la République Espagnole. Du coup pour la notre et le Front popu’ aussi. Point de ségrégation à l’époque. Tout du moins dans la fièvre de l’action. Un homme, un fusil. Une conviction.

Comment ne pas se sentir solidaire quand « L’International » se chante avec fougue en 5 ou 6 langues différentes.

Et que l’ennemi est commun.

Bon, beaucoup travaillaient ici et militaient avec leurs potes d’usine, d’atelier, de chantier. Beaucoup étaient syndiqués, politisés au P.C. et même Libertaires. D’autres sont partis avec des « pieds noirs » directement d’Alger et d’Oran.

Ne nous gâtons pas l’enthousiasme, certains étaient intéressés par la solde de 10 pesetas, aussi. Quand même. On a même été obligés de refuser des équipes de chantier, abusées par une propagande illusoire. Des idéalistes pensaient dans la foulée se libérer du colonialisme au Maroc. Ailleurs par extension, notamment en Algérie. Des projets allaient dans ce sens pour prendre Franco par l’arrière en libérant les leaders indépendantistes Marocains emprisonnés. Projets sans suite. Frayeurs du gouvernement Français. Suffisamment bridé par ailleurs.

Amhed Ben Thami, tirailleur marocain a fait la « boucherie » de 14/18 pendant 4 ans. T’es dégoûté pour moins que ça. Il quitte son travail en France et vient retâter de la mitraille sur le front d’Aragon dans la « colonne Ascaso ». Il prône la lutte et la révolte chez lui contre Franco. Il crie haut et fort, rappelle l’aide des révolutionnaires pendant le soulèvement d ‘Abd el Krim.

Faut de la conviction. Engagement et paroles d’hommes guidés non pas par des ordres religieux mais par des convictions intimes qui transcendent l’individu.

Ils venaient de Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Bordeaux … Bagnolet, Ivry … Des bourgs et des banlieues.

Mohamed Belaïdi, mécanicien, s’illustra comme mitrailleur avec la « bande » à Malraux. Il fut descendu pendant l’hiver 37 au dessus de Teruel dans un combat inégal face à la « Légion Condor » et ses avions modernes. Rabah Oussidhoum, lui, commandait le 12ème bataillon « Ralph Fox ». Il tomba en héro au combat à Miraflores (Saragosse) en mars 38.

« Tous les arabes ne sont pas fascistes » disait il pour excuser les troupes marocaines de mercenaires franquistes. Avec les colonnes de Durruti, on trouve M. Essaïd Ben Amar et Ameziane Ben Ameziane, farouches combattants anarchistes.

Mohamed Saïl, chauffeur mécanicien, insoumis et déserteur pendant la « grande guerre » … commandant du groupe International de la colonne Durruti. Qui dit mieux ?. Contraint : non. Dans l’action du militant : oui. Gravement blessé il rentre en décembre 36. Peut être à Aulnay sous Bois, d’ou il venait.

Et combien d’autres anonymes sous les oliviers et la cagnasse, sont « immortalisés » là bas ?. A tout jamais dans nos cœurs.

Qui les honore aujourd’hui ?. Ou sont les plaques commémoratives ?. La fierté de leurs enfants ?. N’oublions jamais, que c’étaient des volontaires, pas des conscrits. Cela, ne nuit pas à la réputation et aux sacrifices des autres, lors des guerres sous nos couleurs. Chair à canon. Missions sacrifiées. Beaucoup trop souvent.

Dans la tranchée, sous le soleil de plomb, face à la horde ennemie qui déboule, cavaliers ou groupe de chars, vagues d’avions bombardiers ou tirailleurs déployés en masse. Une seule ambition « No Pasaran ». Compter ses dernières cartouches. Sortir sa baïonnette et la fixer, dernier geste de défi. « C’est la lutte finale … ».

Qui va venir porter ce message à l’écran lors des débats « d’oiseux » de mauvaise augure, à la une des journaux, aujourd’hui ?. Nous, nous connaissons cette fraternité. Levons le voile de l’oubli.