Hommage aux cinq républicains espagnols fusillés par les nazis le 13 février 1943.

Cérémonie du 13 février 2011 à La Chapelle-Basse-Mer

Dimanche 13 février s’est déroulée à la Chapelle Basse Mer (44) autour de la stèle érigée en 2006, la commémoration, en l’honneur des cinq résistants espagnols fusillés par les nazis à la suite du procès des « 42 », le 13 février 1943.

Notre ami Georges Bertrant-Puig représentait notre association et fut présent tout au long des diverses initiatives de cette fin de semaine  mémorielle.

Ci-dessous Discours prononcé le 13 février 2001 par Gérard Roulic au nom du « Collectif du Procès des 42 »

 

 

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Monsieur le Maire de La Chapelle Basse-Mer,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les représentants des Associations,

Syndicales et Politiques et des Associations des Anciens Combattants,

Chers Amis,

Nous voici une nouvelle fois réunis autour de la sépulture de nos 5 camarades républicains espagnols assassinés par les nazis il y a maintenant 68 ans à l’issue du pseudo procès dit des 42.

Leurs familles, retrouvées après de patientes recherches du « Collectif du Procès des 42 », n’ont pas été en mesure, cette année, de se joindre à nous.

Nous avons une pensée pour elles. Elles savent que nous les associons à l’hommage ému et reconnaissant que nous leur rendons et continuerons de leur rendre en nous souvenant de leur destin tragique.

Dès 1936 ils ont défendu leur République et ses valeurs face au coup d’état franquiste. Vaincus dans leur pays, en grande partie à cause de la lâcheté et des choix politiques des gouvernants des pays voisins, dont le nôtre, ils se sont réfugiés en France où ils ont été humiliés, maltraités et exploités par les autorités de notre pays. Malgré cela ils ont eu la lucidité et le courage de se placer aux côtés de ceux qui, en France, avaient décidé de mener le même combat, pour les mêmes idéaux que les leurs et avec les mêmes espoirs. Ces idéaux et ces espoirs de liberté, de démocratie, de justice sociale et de fraternité, ce sont aussi les nôtres. Ils n’ont que faire du temps qui passe et ils ne connaissent pas de frontières. C’est l’héritage qu’ils nous ont légué avec tous ceux qui se sont impliqués des deux côtés des Pyrénées dans la résistance au fascisme et à la barbarie nazie.

Pour nous, donc, la présente commémoration ne comporte pas seulement un aspect rituel ou émotionnel. Tout en poursuivant et en prenant appui sur le travail de mémoire historique déjà entrepris, nous entendons nous monter dignes de ceux qui sont tragiquement disparus, en réaffirmant ici encore et en ce jour la portée et l’actualité de leur héritage.

Nous le faisons en convergences avec les diverses manifestations et cérémonies du souvenir dans notre département, comme ailleurs en France et en Espagne.

Nous le faisons pour réitérer notre dénonciation de la répression et des assassinats qui ont eu lieu dans notre pays, et de ceux qui se sont produits en Espagne jusqu’au décès du dictateur en novembre 1975.

Et c’est d’autant plus nécessaire que trop nombreux sont encore ceux qui ne veulent y voir qu’un dérapage malencontreux ou de simples détails de l’histoire qu’il conviendrait désormais d’oublier.

Trop nombreux sont en effet encore ici comme en Espagne, ceux qui ont intérêt à ce que ne soient pas mises en évidence les causes, les faits, les conséquences et les leçons de ce terrible passé.

Trop nombreux sont ceux qui renvoient dos à dos les bourreaux et leurs victimes au prétexte de ne pas rouvrir les blessures du passé.

Trop nombreux sont aussi et encore, ceux qui tentent de minimiser ou légitimer les méfaits et les crimes commis par les franquistes, les nazis et leurs alliés, quand ils n’en arrivent pas même à les nier purement et

simplement.

Trop nombreux encore sont ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, ne veulent pas reconnaître que tôt ou tard, les entreprises des extrême-droite fascisantes et de leurs supporters, débouchent toujours irrémédiablement

sur le déchaînement des pires violences physiques et morales.

Trop nombreux enfin sont ceux qui, sous le couvert du réalisme et de la modernité s’emploient à liquider l’esprit et les acquis de la Résistance.

C’est aussi pourquoi, à l’occasion de cet hommage, et dans la fidélité aux engagements de nos amis républicains espagnols, nous pouvons reprendre à notre compte leur fameux mot d’ordre « no pasaran ».

Qu’on me permette également d’exprimer notre solidarité avec les démocrates espagnols et avec toutes ces nombreuses familles espagnoles face aux obstacles qu’ils continuent de rencontrer, ne serait-ce que pour retrouver la trace de leurs disparus et à plus forte raison pour les honorer, pour que justice leur soit rendue et pour que soient condamnés les auteurs de ce qu’il faut bien appeler le génocide qui s’est perpétué pendant 40 années de dictature sanglante.

N’oublions pas que les 5 dernières exécutions capitales datent de septembre 1975, alors que Juan Carlos de Borbon (aujourd’hui roi d’Espagne) exerçait déjà les fonctions de chef de l’état, Franco étant moribond.

Ensuite, pendant les 30 années suivant le décès du dictateur, et par un pacte tacite entre les résidus du franquisme et une certaine gauche espagnole, le silence a été entretenu sur les crimes commis.

Certes, dans un courrier qu’il nous a adressé en 2006, le président Zapatero dont le grand-père a été lui-même assassiné par les franquistes, a reconnu l’utilité et l’importance de la récupération de la mémoire historique

de cette période, alors qu’un de ses prédécesseurs déclarait encore en 2001 « nous avons décidé de ne pas parler du passé ».

Malgré les circonstances adverses en Espagne, des historiens, par leurs travaux, des démocrates, par leurs prises de position courageuses ont réussi à créer un mouvement d’opinion qui prend actuellement de l’ampleur et dont on ne peut que se féliciter.

Il aura quand même fallu attendre 2007 pour que soit votée une loi, dite de la mémoire historique, concernant les victimes de violences et des persécutions mais elle demeure très restrictive.

Par exemple, si elle admet qu’on puisse rechercher les victimes de la dictature, elle n’en fournit pas tous les moyens et elle ne permet même pas que soient annulées les sentences illégitimes prononcées alors contre eux. A plus forte raison, l’heure de la dénonciation officielle du génocide n’est pas

encore arrivée.

Alors que dans le même temps, les nostalgiques du franquisme encensent et canonisent à tour de bras ceux qui s’étaient rangés aux côtés de la dictature, on s’en prend à ceux qui veulent que la justice recherche, désigne et fasse condamner les auteurs de ces crimes contre l’humanité.

C’est le cas par exemple du juge Garzon, lui dont l’action dans le cadre de ses fonctions a permis l’arrestation de Pinochet, le bourreau du Chili, puis son jugement, ainsi que la condamnation des dictateurs argentins.

Pour avoir voulu faire de même en son pays et de façon parfaitement légale, il se trouve depuis près d’un an suspendu de l’exercice de ses fonctions et en passe d’être jugé lui-même, suite à la demande de plusieurs groupes d’extrême-droite, admise comme recevable par la justice espagnole.

Comment ne pas ne pas nous associer à la protestation des démocrates espagnols et à leur volonté d’obtenir que justice soit rendue et que soient tirées toutes les leçons du passé.

Leur démarche est la même que la nôtre, nous la saluons et la partageons. Comme eux nous continuerons de veiller à ce qu’aucune manœuvre ne vienne l’entraver. Nous le devons en particulier à la mémoire de ces cinq républicains espagnols que nous honorons ici, en ce jour, ces cinq jeunes hommes dont la trop courte vie s’est arrêtée un 13 février 1943.

Ils s’appelaient, souvenons-nous :

Alfredo Gomez Ollero, Miguel Sanchez Tolosa, Basilio Blasco Martin,

Benedicto Blanco Dobarro et Ernesto Prieto Hidalgo.

Je vous remercie pour vote attention et votre présence.

Compte rendu de Manuel Duran.