10 NOVEMBRE 2011
Hommage aux volontaires engagés dans les Brigades internationales,
8, Avenue Mathurin Moreau à Paris 75019,
Chers amis,
Cet après-midi a eu lieu un magnifique hommage aux Brigadistes sur l’Avenue Mathurin Moreau, à Paris. L’invitation émanait de l’ACER (Amicale des Anciens Combattants en Espagne Républicaine), des maires de Paris et du XIXème arrondissement. Sont intervenus Pierre Madec, maire, Javier Ruiz, du Foro por la Memoria, Pierre Laurent, secrétaire du PCF, Claire Rol-Tanguy, secrétaire générale de l’ACER, Anne Hidalgo, adjointe au maire de Paris.
Nous, quelques enthousiastes de toute manifestation qui fasse l’éloge des Républicains espagnols et de leurs amis, nous sommes accourus avec le républicain espagnol de 91 ans, Daniel Serrano, venu de la banlieue, avec son drapeau tricolore et son bouquet de fleurs républicaines. Nous avons retrouvé plusieurs républicains et exilés, dont Manuel Rodríguez Vela (né à Mocejón (Toledo), son grand-père Perico Vela fut fusillé dans la prison de Toledo, en laissant une famille complète sans père et les petits-enfants sans grand-père www.generacionlorca.be),
Fernanda López Lozano, Cristina Crevillén. Sont également venus de Paris Carmen Negrín, Monique et Sylvain Roumette, Antonio Zapata, Jesús Hernández, Marcela Solé, Stéphane Pauvert, de la Courneuve José Camacho et son frère, originaires d’ El Gordo (Extrémadure) et de Gonesse (loin) Marie-Luz Luengo. Il y avait foule pour écouter les personnalités qui firent l’éloge du rôle admirable et inoubliable des Brigadistes en Espagne. Devaient être là, également, parmi la foule, Irène Tenèze, de AAGEF-FFI (Association des Anciens Guérilleros en France-FFI) et Jean-Pierre Hemmen (fils du brigadiste de la XIVème Brigade, Jean Hemmen), qui promirent de venir.
Claire Rol-Tanguy, fille d’Henri Rol-Tanguy l’a dit à juste titre : « Pour mobiliser autant d’énergie la cause devait être juste, évidente » et de l’avenue Mathurin Moreau, avec le Parti Communiste Français et la CGT, dont les rôles furent essentiels, on accueillit les volontaires de tous les pays, que l’Espagne reçut avec grande allégresse et fraternité. En effet, ces hommes disaient : « Je suis volontaire et je donnerai jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour sauver la liberté de l’Espagne, du monde ». Du 8 novembre 1936 au 20 novembre le Vème Régiment avec le Général Líster prit position dans la Cité Universitaire de Madrid, avec plusieurs bataillons, parmi eux le Garibaldi, la XIIème Brigade, ils sauvèrent Madrid. C’étaient des troupes de choc, des hommes et des femmes de 54 nationalités. Ceux qui survivent ressentent une grande fierté d’avoir aidé le peuple espagnol. Soixante ans après, en 1996, on leur concéda la nationalité espagnole mais le 22 octobre le monument inauguré dans la Cité Universitaire fut vandalisé par les héritiers du franquisme ; le travail de l’ACER est actuel », (c’est pourquoi dans la défense des services publics, dans une manifestation madrilène, une manifestante offrit à Claire Rol-Tanguy son tee-shirt revendicatif). La secrétaire générale de L’ACER remercia les brigadistes vivants : César Covo, Vincent Almudever, Lise London, Theo Francos.
Javier Ruiz, du Foro por la Memoria, dit que « cet acte renforce le caractère internationaliste de notre solidarité », que les crimes franquistes continuent à jouir de l’impunité, sans la réparation due aux familles. Les Brigades sont toujours notre lumière. Nous ne sommes pas seuls pour mener ce combat. »
Ensuite intervint Pierre Laurent, secrétaire du PCF, ce fut très émouvant de lui entendre dire que « ce fut dans le coin de cette avenue où fut installé le point de départ des Brigades Internationales, venues de tous les pays du monde. C’est un immense honneur pour le PCF d’avoir érigé son siège en ce lieu. Il y a une plaque à l’intérieur, mais une plaque de rue est une geste hautement symbolique. L’engagement des Brigadistes plonge ses racines dans les luttes d’un peuple pour sa liberté, les Brigadistes se rappelaient la Commune de Paris (une portait son nom, la brigade franco-belge).
Aujourd’hui nous appellerions cette soif de solidarité et de fraternité, de liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes « défendre la Démocratie ». Il est inutile de se présenter comme des démocrates en foulant aux pieds la mémoire des combattants de la Liberté. Nous vivons à une époque où le risque est réel de repli nationaliste, xénophobe, raciste. Les peuples recommencent à espérer qu’à la mondialisation capitaliste succède une humanité de la solidarité. Les hommes et les femmes que nous honorons ne voulaient pas être des héros, mais ils le furent ».
Ensuite intervint Anne Hidalgo : « La mémoire au-delà des Pyrénées a quelque chose de douloureux à exprimer. Cette guerre d’Espagne et la mémoire des républicains espagnols continuent à nous marquer, la mémoire continue à s’indigner. Je suis la petite-fille d’un homme du peuple ; comme les journaliers agricoles, les peuples d’Andalousie ne résistèrent pas longtemps, mon grand-père entreprit la Retirada (l’Exil). 9000 Français s’enrôlèrent entre 1936 et 1938, c’est un monument que leur doit Paris, dans ce Paris populaire du XIXème arrondissement, ces hommes étaient mus par la volonté de combattre le fascisme. La République était idéaliste, ces hommes étaient des idéalistes de 54 pays, d’horizons différents. Ils durent combattre contre la haine envers la République, envers la laïcité, envers les franc-maçons. Le courage les guidait. Rol-Tanguy anima aussi la Résistance, après son retour d’Espagne, comme beaucoup de brigadistes et de républicains espagnols ».
Enfin on récita un superbe poème à Federico García Lorca, et nous chantâmes avec énergie et un enthousiasme renouvelé « El ejército del Ebro », avant que l’on ne découvre, la nuit étant déjà tombée, la plaque. Il y est écrit : « Ici passèrent des milliers de volontaires français et étrangers de 1936 à 1939 pour s’enrôler dans les Brigades Internationales, pour aider la République espagnole, victime du Général Franco, soutenu par Hitler et Mussolini. Ils furent environ 35 000 volontaires de 54 nations qui combattirent courageusement pour la Liberté et la démocratie aux côtés du peuple espagnol. Parmi eux presque 10000 Français. Ce fut le premier acte de résistance internationale contre le fascisme ».
Voilà les brèves notes que j’ai pu prendre, car on parla beaucoup et avec beaucoup de talent des admirables brigadistes, à jamais nos amis et « légende », comme on a dit poétiquement.
Je ne déplore que le fait que lorsqu’en nous voyant au début, avec drapeau et fleurs tricolores, Claire Rol-Tanguy me demanda si nous appartenions à quelque association, je ne pus lui dire que : « Nous sommes des républicains espagnols de Paris ».
A la fin, après avoir vu la splendide plaque dédiée aux brigadistes, avec la Présidente d’Honneur de la Fondation Juan Negrín, Mme Carmen Negrín, petite-fille du Président du Gouvernement républicain, qui lutta jusqu’à la fin de cette guerre « incivile », Daniel Serrano (ex-combattant républicain originaire de Toledo, mais qui fut sur presque tous les fronts, et finit sur celui d’Almaden, dernière offensive désespérée de la République, le front de l’Est étant déjà coupé), nous nous approchâmes d’Anne Hidalgo et nous lui demandâmes si on mettrait dans la tribune d’honneur le drapeau républicain espagnol lors de la cérémonie de la Libération de Paris le 24 août prochain, puisqu’il n’y était pas cette année, pour représenter les héros de La Nueve, et Mme l’Adjointe au Maire de Paris nous a répondu que « la question est délicate, car elle peut créer des frictions diplomatiques franco-espagnoles ».
Enfin, nous nous exclamâmes : « Vive les Brigades Internationales ! » et Jean-Paul Chantereau, le secrétaire de l’ACER invita le public au pot de l’amitié dans le siège du PCF.
Daniel et moi nous revînmes à la maison satisfaits de voir qu’aujourd’hui il y a bien une plaque sur une avenue parisienne à nos amis brigadistes. Pourvu qu’on leur consacre également bientôt la Place de Vicálvaro à Madrid ! S’il le faut, nous ferons dans ce but, avec les amis de l’AABI, toutes les pétitions qu’il faudra !
Paris, le 10 novembre 2011-11
Rose-Marie Serrano
http://victimasfascismolatorreestebanhambran.blogspot.com/
DISCOURS DE PIERRE LAURENT, Secrétaire Général du Parti Communiste Français.
Hommage aux Brigades internationales, dévoilement de la stèle du 8 avenue Mathurin-Moreau
Paris, 10 novembre 2011
Chers amis, chers camarades,
Mesdames et messieurs,
Vous me voyez particulièrement ému de prendre part cet après-midi à cette cérémonie
Nous voici réunis pour rendre hommage, sur le lieu même de leur engagement pour la République espagnole, aux 60 000 femmes et aux hommes, venus du monde entier, pour défendre leurs sœurs et frères d’Espagne attaqués par le général Franco et ses hordes fascistes
C’est en effet à l’angle de cette avenue et de la place, qui portait alors le nom de place du Combat, que fut installé le point de ralliement, d’accueil et de transit des volontaires, ouvriers, intellectuels, paysans, employés, médecins instituteurs, venus d’Allemagne, de Grèce, de Cuba, du Canada, de l’Union soviétique et de la Tchécoslovaquie d’alors, de Pologne et de Suède qui constituèrent les Brigades internationales
C’est un immense honneur pour le Parti communiste français, qui joua un rôle de premier plan dans la constitution de ces Brigades, d’avoir érigé son siège en ce lieu historique
Au-delà des nombreux militants qui le fréquentent, des milliers de personnes visitent chaque année cette œuvre de l’architecte brésilien Oscar-Niemeyer
Ils viennent à « Fabien », comme on dit, puisque l’une des appellations familières de ce lieu est désormais celle du brigadiste et résistant qui a donné son nom à la place depuis la Libération
Ces visiteurs peuvent lire dans le hall de notre siège la plaque qui rappelle cet épisode glorieux des Brigades
Mais l’inauguration, aujourd’hui, d’une stèle donne une nouvelle dimension à ce nécessaire hommage
Je veux saluer ce geste, hautement symbolique, de la Mairie de Paris, et permettez-moi de saluer le travail mené par les militants de l’Association des anciens combattants de l’Espagne républicaine, des enfants de ces anciens combattants et brigadistes, et de notre camarade, mon amie Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire, pour faire vivre cette mémoire, cette mémoire populaire, cette mémoire de combat
Sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible
Oui, ils furent des milliers à s’engager dans les Brigades dès les premiers jours qui suivirent le coup d’Etat de 1936 et à transiter, pour un très grand nombre d’entre eux, par ces « baraquements »
Des communistes, les plus nombreux, mais aussi des syndicalistes, des anarchistes, tous, d’où qu’ils viennent, des antifacistes
Les Français ont représenté à eux seuls le plus gros contingent de volontaires, des femmes et des hommes auxquels quelques années plus tard notre nation doit sa libération et le retour de la démocratie
Les Français n’en tiraient point de gloire ; la cause était juste, le danger présent, le courage était du côté de la solidarité active ; la France, si proche géographiquement de l’Espagne, l’était aussi de cœur et d’idéal avec le peuple et les Républicains espagnols – dans ses faubourgs, dans ses usines et dans ses campagnes mais bien insuffisamment dans les allées ministérielles et parlementaires
Puisque que les gouvernements européens abandonnaient la jeune République aux griffes des fascistes et des nazis alliés à Franco, ces volontaires, l’histoire allait le montrer dramatiquement, représentaient l’honneur de l’Europe et du monde face à la barbarie
Ils le demeurent
Et le demeureront à jamais
L’engagement des brigadistes, des civils, je le rappelle, se portant volontaires au combat pour défendre la liberté d’un peuple frère, plonge ses racines dans les luttes et combats du mouvement ouvrier pour son émancipation, pour la République, pour la liberté et contre le déchaînement d’horreurs que les puissances de l’argent, les financiers, les « grands de ce monde » provoquaient
Ces derniers avaient réussi à entraîner l’Europe et le monde dans la boucherie de 1914-1918
En Allemagne, on préférait laisser le terrain aux Nazis, en Italie aux fascistes de Mussolini ; le Front populaire en France fut combattu par ceux qui, pour sauvegarder leurs intérêts, on ne le sait que trop bien, préférèrent l’alliance avec l’extrême droite
Partout on cultivait la peur, la haine, l’antisémitisme, les fascismes
En Espagne, pour les mêmes raisons, les puissants, se sentant menacés par la République trouvèrent dans Franco – qui s’était particulièrement, et tragiquement pour les populations qui en payèrent le prix, distingué dans la guerre coloniale du Rif, au nord du Maroc de 1921 à 1926
Une guerre coloniale dans laquelle la France était engagée malgré l’opposition, isolée mais combative, des communistes français, pour cela insultés, et qualifiés de traîtres par leurs adversaires
Les brigadistes en défendant la République espagnole avaient en mémoire la Commune de Paris comme en témoigne le nom du IIe bataillon de la XIe brigade franco-belge ; ils avaient tiré la leçon du courage des Parisiens, pour que les travailleurs – qui ne devront leur émancipation qu’à eux-mêmes – triomphent, il est besoin de fraternité et solidarité internationales, en un mot l’internationalisme
Prendre les armes pour sauver la République espagnole signifiait défendre, au péril de sa vie, le droit des peuples à se libérer du joug de l’oppression, de l’exploitation, le droit à disposer d’eux-mêmes – à notre époque, et parce qu’elle est durement attaquée, nous dirions tout simplement, défendre la démocratie
L’internationalisme n’était pas un vain mot mais la conscience que les peuples par-delà les frontières forment des coalitions suffisamment puissantes pour imposer justice et liberté
Il est trop facile de ricaner de nos jours à cette évocation, et de balayer d’un jugement péremptoire l’action de ces femmes et hommes, modestes (de condition comme de tempérament), de taxer « d’illusions » leur idéal, au nom de ce que furent les contradictions bien réelles du Komintern et du mouvement communiste international à cette période
Il est inutile en falsifiant les faits, en s’attribuant des amnisties illégitimes, en piétinant la mémoire des combattants et en les insultant, il est inutile, disais-je, d’espérer réécrire l’histoire
Oui, ces femmes, car il y eut dans ce combat des femmes dont ne parle pas assez, et ces hommes voyaient juste, voyaient clair
Leur combat n’était pas vain
La République espagnole pouvait être sauvée, et le fascisme battu en Espagne avant qu’il ne soit trop tard, si la politique de non-intervention ne l’avait pas lâchement abandonnée
Que sont ces contradictions et ce mouvement d’engagement, au regard de la décision d’un gouvernement, le gouvernement Blum, de priver le camp républicain du légitime accès à l’or espagnol qui était en réserve à la Banque de France à Mont-de-Marsan, réserve qui sera plus tard mise à la disposition du régime franquiste ?
Que sont ces contradictions au moment où la bourgeoisie française se prépare au choix de la défaite, « plutôt Hitler que le Front populaire », plutôt la défaite contre Hitler ! que supporter une année de plus les « salopards en casquette » ?
Dans ce monde européen de l’entre-deux guerre où s’installe sur le fond de crise mondiale du capitalisme, les bases de la grande barbarie nazie et l’horreur de la Deuxième Guerre mondiale, retenons de cette histoire qu’à trois reprises, – la guerre du Rif, la guerre d’Espagne et Munich en 1938 – la guerre aurait pu être évitée, la soumission et l’asservissement auraient pu nous être épargnés, car des femmes et hommes lucides se sont levés, mais qu’à trois reprises ! la grande bourgeoisie fit le choix de la compromission, le choix de la guerre
Les brigadistes vécurent une dure et tragique expérience
Celles et ceux qui en revinrent saufs, en France notamment, devinrent les dirigeants de la Résistance à l’Occupant et au Régime de Vichy
C’est à la République espagnole – par-delà sa chute – que notre pays et les Résistants doivent la force, le courage et la ténacité du combat poursuivi pendant la Deuxième Guerre mondiale pour la liberté, pour la vie
Dans des régions entières, je pense au sud-ouest de la France, les Républicains espagnols, réfugiés dans notre pays après leur internement, s’engagèrent aux côtés des Français dans la Résistance
Et tous les brigadistes internationaux revenus d’Espagne apportèrent leur expérience à la Résistance partout où, avec les dangers de la clandestinité, elle commençait de s’organiser
Henri Rol Tanguy mena les troupes de FFI qui libérèrent Paris, Célestino Alfonso (fusillé au Mont-Valérien en 1943) dirigea avec Manouchian les FTP-MOI de la région parisienne, mais il faut citer aussi Arthur London, André Marty, Marcel Langer (guillotiné à Toulouse en 1943)..
– j’aimerais pouvoir les nommer toutes et tous, les 60 000
Nous sommes fiers d’être aujourd’hui les héritiers de ces combattants de la liberté, qui avant même d’avoir totalement vaincu la Bête immonde travaillaient à l’avenir, aux jours nouveaux de notre peuple
Tous ceux qui en ce moment, au cœur de la tempête, cherchent, pour sauver les intérêts de la haute finance, à nouveau à faire taire les résistances des peuples européens prennent une grave responsabilité
Ils commettent une grave erreur
Oui, ce qui s’est déroulé en Grèce est grave : les Grecs qui avaient élu une majorité de gauche (socialiste) se retrouvent, sans passer par les urnes, avec un gouvernement de droite dont les membres sont sélectionnés par les institutions financières et la « Troïka »
Oui, ce qui se produire en Italie est grave: Le successeur de Berlusconi, qui a jeté son pays dans le gouffre, sera choisi de la même manière
Les agences de notation – qui appartiennent aux banques, institutions financières et grandes multinationales – les institutions non-élues de l’Union européenne placent à présent à la tête des États leurs valets, sans se soucier de l’avis des citoyens qui, eux seuls, ont le pouvoir de choisir leurs représentants et dirigeants nationaux
L’humanité se trouve sous le joug de la dictature des marchés
Nous vivons une époque où les dirigeants des grandes démocraties, les principaux éditorialistes, les responsables économiques ont peur des peuples
Et, à nouveau, le risque est réel qu’à cet aveuglement réponde un autre aveuglement, celui du repli nationaliste et de l’extrême-droite
Mais les évènements de l’entre-deux guerre ont un autre écho dans notre présent
Les peuples se remettent à espérer un regain internationaliste
Qu’à la mondialisation capitaliste succède une fraternité mondiale, une humanité réconciliée avec elle-même car débarrassée de la dictature des marchés et de la finance
Les communistes que nous sommes partagent la volonté d’être dignes de leur action
Notre militantisme quotidien, notre engagement sont animés de la même soif de liberté, du même désir d’émancipation, de la même générosité et du même rejet de l’injustice
Les femmes et hommes que nous honorons ce jour ne voulaient pas devenir des héros, leurs préoccupations n’étaient pas d’inscrire leur nom dans les livres d’histoire – et pourtant, ce sont bien leurs noms qui s’y trouvent car ce sont bien eux qui ont fait l’histoire
Nous sommes fiers aujourd’hui de les honorer
Merci
Discours de Roger Madec, Maire du XIXème arrdt.
Dévoilement de la plaque à la mémoire des volontaires des Brigades internationales, 8 avenue Mathurin Moreau,
Jeudi 10 novembre 2011 – 16h30
Madame la Première adjointe,
Madame la Maire,
Monsieur le Député,
Mesdames, Messieurs,
C’est avec honneur et émotion que nous sommes réunis aujourd’hui dans le 19e pour dévoiler la plaque à la mémoire des volontaires des Brigades internationales dont nous célébrons cette année le 75ème anniversaire de leur création.
Je tiens à saluer Mesdames Cécile Rol-Tanguy et Lise London, ainsi que Messieurs Pierre Laurent et Xavier Ruiz d’être aux côtés des élus parisiens que nous sommes.
De 1936 à 1938, c’est ici, dans des baraquements installés avenue Mathurin Moreau, que furent accueillis à Paris les milliers de volontaires français et étrangers qui se rendirent en Espagne pour combattre le fascisme.
Dès l’été 1936, quelques mois seulement après la victoire du Fronte Popular, le soulèvement militaire et civil du camp nationaliste contre la République entraîne des combattants étrangers à franchir les Pyrénées et apporter leur soutien au gouvernement légal.
De ces mouvements spontanés nait en septembre une organisation internationale de volontaires prêts à combattre aux côtés des Républicains espagnols contre le fascisme, pour la liberté et la démocratie.
Durant ces deux années, plus de 30 000 hommes venus d’Europe, des Etats-Unis et du Canada passèrent à Paris pour s’enrôler dans les Brigades et rejoindre les unités militaires espagnoles dans les différentes batailles que les Républicains livrèrent contre le camp nationaliste de Franco, soutenu par Mussolini et Hitler. 10 000 y perdirent la vie.
Il était un devoir, pour la Mairie du 19e, pour la Ville de Paris et pour ses élus, de rendre un hommage mérité à ces hommes, dont le courage et l’indignation constituent un exemple dans le monde. La fraternité, la solidarité et la défense des valeurs de la République et de la démocratie qui ont guidé les Brigadistes doivent continuer à vivre dans la société actuelle.
Pour cela, marquer notre espace public permettra à la mémoire collective de trouver à s’y exprimer.
Je vous remercie
Discours d’Anne Hidalgo, Première Adjointe au Maire de Paris
Monsieur le Maire d’arrondissement,
Monsieur le Député,
Monsieur le Chancelier de l’Ordre de la Libération, Colonel Fred MOORE,
Monsieur le Secrétaire Général du Foro de la Mémoria, Xavier RUIZ,
Madame La présidente de l’Association ACER, chère Lise LONDON,
Madame La Secrétaire Générale de l’Association ACER, chère Claire ROL TANGUY,
Chère Cécile ROL TANGUY (la femme de Henry)
Mesdames et Messieurs les Elus,
Chère Catherine VIEU CHARIER, adjointe au Maire de Paris en Charge de la Mémoire et du Monde Combattant
Cher Pierre LAURENT, Secrétaire National du Parti Communiste
Chers amis de l’Espagne Républicaine,
C’est avec une émotion particulière que j’ai l’honneur, au nom du Maire de Paris, de dévoiler cette plaque commémorative en hommage aux 35 000 étrangers et 9000 français qui, entre 1936 et 1938, se sont engagés volontaires dans les brigades internationales. L’histoire de l’Espagne, de la guerre d’Espagne, est profondément marquée par l’engagement des Brigadistes …
Paris a tenu à rendre hommage à ces hommes et femmes, ouvriers, intellectuels, médecins, infirmiers, socialistes, communistes, anarchistes, sans-parti, antifascistes qui se sont engagés par solidarité et par soif de liberté, et qui pensaient qu’en défendant l’Espagne, ils défendaient la Démocratie et la Liberté en Europe et dans le Monde.
Les hommes et les femmes qui se sont engagés dans les Brigades, ont combattu « l’Espagne Noire », commandée par des officiers sanguinaires rassemblés dans une haine du peuple, une religion obscurantiste, un nationalisme fasciste. Ils voulaient empêcher le coup d’état du Général Franco soutenu par l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini, le golpe, comme l’appelle les espagnols. Ceux là même qui ont assassiné l’immense poète Federico Garcia Lorca en août 1936 et qui ont exécuté tant de républicains dont on retrouve aujourd’hui les charniers …
L’engagement de ces volontaires pour vaincre le fascisme et faire gagner la République et la Démocratie était total, leur courage était immense. Ils partaient au combat à pied, à travers champs, en train, à fond de cale des bateaux…en sachant qu’ils allaient peut-être y perdre leur vie et toujours mettre leur avenir en suspens. Ils voulaient secourir le Peuple espagnol, qui 5 ans plus tôt, avaient obtenu la République et l’espoir de sortir de l’oppression, de la misère et de la faim.
Leur élan héroïque répondait à la non intervention menée par la France du Front Populaire de Léon Blum, empêtrée dans sa volonté de coalition avec la Grande Bretagne. L’héroïsme et la solidarité des hommes face à l’abandon des états.
Ils étaient les volontaires des Brigades, issus de 53 pays, mus dans un élan international inédit. 35 000 combattants engagés par vagues successives de 1936 à 1938. Parmi eux, 9000 français constitués aux deux tiers de militants communistes.
Ce lieu, devant lequel nous nous réunissons aujourd’hui, est un endroit particulier : dans des baraquements, ici, avenue Mathurin-Moreau, se tenaient l’un des deux bureaux du recrutement des futurs brigadistes.
Y ont afflué des centaines de volontaires, qui étaient ensuite pris en charge par de haut responsables communistes comme André Marty (l’une des figures de l’international communiste) ou Luigi Longo, mais aussi des femmes comme Lise London (qui nous fait l’honneur de sa présence aujourd’hui ?), Yvonne Robert, Henriette Royer, Jeanne Oppman, Adele Aranz. Des réseaux clandestins, organisés principalement par le Parti Communiste, dirigeaient les volontaires de toute l’Europe de l’Est, de l’Ouest, et même du Monde entier, vers Paris qui était le principal centre de recrutement. Une feuille de route leur était alors donnée et ils partaient vers les brigades en Espagne. Arrivés à Paris clandestins, ils repartaient combattants, unis, soudés par leur destin, chantant « no pasaran » et l’international.
André Malraux a écrit «le courage est une chose qui s’organise, qui vit et qui meurt, qu’il faut entretenir comme les fusils ». C’est ici que s’organisaient la résistance et le combat. Au début dans l’urgence, face à l’offensive franquiste sur Madrid, sans laisser le temps de former les volontaires ni même parfois de les armer. Certains se sont jetés dans la bataille, flanqués de simples pelles et de pioches. Mais les Brigades ont vite été aguerries et ont joué un rôle décisif.
Ainsi la 11ème Brigade internationale a, aux côtés des milices républicaines, scellé la défaite des troupes de Franco devant Madrid. La 14ème Brigade, lors de la bataille de l’Ebre, le 25 juillet 1938, a perdu 1200 hommes au combat. Le bataillon sera reconstitué sous le commandement de Rol qui sera, lui aussi, tué et qui donnera un patronyme clandestin à son camarade de la Résistance Tanguy (d’où Rol-Tanguy). Quelques années plus tard, lorsque Henry Rol Tanguy animera le soulèvement de la capitale et que la colonne de la 2ème DB, la Nueve (9ème) et le capitaine Droone pénètreront au cœur de Paris, ses engins blindés porteront le nom des batailles héroïques d’Espagne : Madrid, Guadalajara, Teruel, Brunete, Belchite, Ebre. L’histoire des Brigades internationales et de la nueve sont intimement liée.
Il faut encore se rappeler que lorsque le 21 septembre 1938, Juan Negrin, président du Conseil Espagnol, décide le retrait des Brigades Internationales, ce sont près de 300 000 espagnols qui défilent dans Barcelone en leur honneur.
J’ai personnellement été me recueillir sur la plaque commémorative au cimetière de Fuencarral à Madrid. Je veux vous dire l’émotion que j’ai eue sur ce lieu. 13 000 brigadistes sont morts au combat, dont 3 000 français. Quand les brigadistes sont rentrés dans leur pays, ils n’ont pas toujours reçu l’accueil qui auraient du être le leur. Bien des témoignages montrent l’incompréhension voir l’hostilité à laquelle ils ont été confronté. Ce sont pourtant ces mêmes hommes et femmes, qui ont repris le combat et organisé la résistance contre Vichy. Nous ne pouvons pas oublier que les combattants républicains étaient nombreux dans les maquis du Vercors et des Glières. Et c’est, encadrés par la 2ème Division Blindée de Leclerc, que les espagnols de la « Nueve » luttèrent à l’avant-garde du Régiment de Marche du Tchad. Les « Cosaques de Dronne » et tous les espagnols qui ont combattu sous les drapeaux de la France Libre espérait que la défaite de l’Axe apporterait des changements dans la situation politique de leur pays.
Si nous dévoilons aujourd’hui cette plaque commémorative, c’est parce que nous, parisiens, nous ne voulons pas oublier ces héros. Beaucoup ont disparu, d’autres sont aujourd’hui de très vieux compagnons, mais ils furent hier la jeunesse et l’espoir de notre continent. Nous voulons rappeler cet exemple de courage et de résistance et dire notre attachement à leur combat contre le fascisme et l’obscurantisme.
Je souhaite que cette commémoration du 75ème anniversaire des Brigades Volontaires internationales, puisse mieux faire connaître ces évènements. Depuis ces dernières années, les travaux des historiens ont ouvert la voie pour restituer la mémoire mais je pense qu’il faut aller plus loin et l’inscrire dans les manuels scolaires. Les valeurs pour lesquels les brigadistes ont combattues doivent toujours être défendues, il est de notre responsabilité de les transmettre aux jeunes générations.
Paris a une responsabilité particulière dans l’affirmation de ces valeurs.
Je vous remercie