L’histoire des quatre frères Kloostra à Dachau.
Leur combat contre le fascisme de 1933 à 1945

L’histoire qui conduisit à l’arrestation de communistes

 Comme beaucoup d’autres communistes néerlandais, les quatre frères Kloostra et trois de leurs beaux-frères furent victimes d’une opération anticommuniste. Elle commença en janvier 1923 et se poursuivit sur ordre du maire après la reddition des Pays-Bas en mai 1940. L’opération de 1923 faisait partie des activités du service de renseignement de la police secrète néerlandaise qui débutèrent fin 1917. Immédiatement après la révolution russe de 1917, le service de renseignement de la police secrète néerlandaise commença à infiltrer le Parti Communiste des Pays-Bas. Cette infiltration était dirigée par Karel Broekhoff, de la police d’Amsterdam. Il recruta Julius Barmat comme informateur (1). Barmat était un commerçant devenu très riche pendant la Première Guerre mondiale en livrant des produits alimentaires depuis les Pays Bas, qui étaient neutres, à l’Allemagne. C’est ainsi qu’il fut repéré par les services de renseignement de la police britannique et qu’il établit par la suite de bonnes relations avec les services de renseignement de la police allemande, des diplomates et des hommes politiques allemands. C’était un juif ukrainien qui vivait aux Pays-Bas depuis une dizaine d’années. En raison de l’antisémitisme du régime tsariste, il était farouchement anti-russe. Il avait rejoint le Parti communiste parce qu’il voyait ainsi des opportunités de faire du commerce avec le régime bolchevique. Après la Première Guerre mondiale, il quitta le Parti communiste car il pensait avoir de meilleures opportunités économiques avec le régime social-démocrate en Allemagne. Il acheta une nouvelle maison et permit à Broekhoff de vivre dans la maison qu’il avait quittée. Avec le soutien des services secrets de la police néerlandaise, il soudoya le gouvernement allemand afin d’obtenir d’importants contrats commerciaux pour des produits alimentaires et d’autres marchandises. En 1923, il déménagea à Berlin et devint un homme très riche grâce à ses activités commerciales basées sur la corruption. Le chef des services secrets de la police néerlandaise, Broekhoff, lui rendit souvent visite et y rencontra également le chef de la police de Berlin, Wilhelm Richter. Le dernier jour de 1924, Barmat fut arrêté pour corruption de ministres, des douanes, de la police et de fonctionnaires (2).

La combinaison de ses relations social-démocrates, du judaïsme et de la corruption du gouvernement social-démocrate fit qu’il devint le principal objectif de la propagande des nationalistes et des fascistes ainsi que des groupes de droite en Allemagne. Grâce à cette propagande, Hitler réussit à gagner une élection. Dans les années 30, Barmat rencontra des difficultés avec les autorités néerlandaises. Un journal pro-fasciste écrivit avec une joie malveillante qu’il était responsable de l’arrivée au pouvoir d’Hitler (3). Le violent antisémitisme en Allemagne se trouva renforcé par les actes de corruption qu’il avait commis.

Le terrible sort des prisonniers dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale peut donc être largement attribué aux activités de corruption de Barmat et aux services secrets de la police néerlandaise (4).

Julius Barmat – ses activités de corruption de et sa collaboration avec les services secrets néerlandais ont grandement contribué à l’essor d’Hitler

En 1922, la Commission internationale de police criminelle (IKK) fut fondée. Un certain nombre de pays européens avaient participé à sa création (l’IKK était le prédécesseur d’Interpol). Le principal objectif de l’IKK était la lutte contre le communisme, à laquelle les services secrets des polices des pays participants travaillaient ensemble. Broekhoff était le représentant des Pays-Bas. Il avait été convenu que les partis communistes devraient être infiltrés. Broekhoff organisa cette infiltration dans un certain nombre de villes néerlandaises. Infiltré à La Haye, Johannes Hubertus van Soolingen était le plus connu. Van Soolingen donna aux services secrets de la police de nombreux noms de communistes. Le ministre de la Justice des Pays-Bas chargea Broekhoff de commencer à travailler avec la Gestapo au bureau principal de la sécurité du Reich à Berlin. La collaboration débuta en janvier 1935 (5). Il travailla entre autres avec Heinrich Müller. À partir de 1939, celui-ci devint responsable de tous les camps de concentration, y compris du gazage des Juifs. Il est responsable d’environ quatre millions de d’assassinats. Heinrich Müller était l’un des plus grands meurtriers de masse du 20e siècle (6).

Broekhoff travailla également avec Bruno Friedrich Wolff, qui devint responsable de la lutte contre le communisme à La Haye à partir de mai 1940, mais qui joua également un rôle de premier plan dans le reste des Pays-Bas. En raison de cette collaboration, les services secrets néerlandais envoyèrent à deux reprises à la Gestapo, en 1936 et 1939, une liste de communistes néerlandais actifs. C’est de cette manière que la Gestapo apprit l’existence de Tjerk Kloostra. Ces listes ont entraîné la mort de centaines de communistes néerlandais.

Karel Heinrich Broekhoff; il prépara dès 1923 l’assassinat de masse de résistants communistes néerlandais

 

Heinrich Müller, de la Gestapo de Berlin; il fut, dès janvier 1935, impliqué dans la lutte contre les communistes néerlandais

 

En 1938, le ministre néerlandais de la Justice ordonna à la police, y compris aux services secrets de la police, de poursuivre leurs activités en cas d’occupation allemande des Pays-Bas (7). Ce fut la cause de la mort d’un millier de communistes néerlandais et de l’emprisonnement d’un millier d’autres dans des camps de concentration.

Le 15 mai 1940, le jour où l’armée néerlandaise se rendit aux forces allemandes, le maire de La Haye ordonna à la police secrète de la ville de poursuivre ses activités (8).

Van Soolingen fut donc contacté et chargé de poursuivre son infiltration du parti communiste, qui s’était transformé en une organisation de résistance illégale (9). Cette infiltration coûta la vie à une centaine de communistes de la région de La Haye (Leiden-Delft) et à 40 communistes de la région de Rotterdam. Un nombre comparable dut passer de longues périodes d’emprisonnement dans des camps de concentration.

On a pu retracer quatre vagues d’arrestation, causées par les activités de Van Soolingen entre 1941 et 1945 (10).

La première opération commença le 28 avril 1941 avec l’arrestation de quatre communistes par le Service de sécurité. On voulait ainsi empêcher la distribution de tracts pour le 1er mai. Immédiatement, un rapport fut envoyé à Berlin, indiquant que 40 autres arrestations étaient attendues -ce qui montre la quantité d’informations fournies par Van Soolingen. Grâce à ces informations et celles obtenues au cours d’interrogatoires sous la torture entre avril et novembre 1941, plus de 150 communistes furent arrêtés par des équipes conjointes du Service de sécurité et du Service de renseignement de la police néerlandaise.

Les membres du Service de sécurité, du Service de renseignement de la police néerlandaise et un informateur d’avant-guerre du Service de renseignement de la police eurent également recours à la torture. Cinquante-sept résistants torturés moururent. Parmi les personnes arrêtées, 49 résistants passèrent une partie de leur peine d’emprisonnement à Dachau (11).

Parmi les membres de la famille Kloostra qui furent arrêtés, se trouvaient Jan Kloostra, Fred Donderwinkel et Cor Rademaker, qui mourut en 1942 au camp de concentration de Groß Rosen. Le 25 juin 1941, en réponse à l’invasion allemande de l’Union soviétique, leur beau-frère, Frans van den Berg, fut arrêté par le service de renseignement de la police. Il fut traité de la même manière que ceux arrêtés à la suite de l’infiltration du réseau. Certains échappèrent à l’arrestation parce qu’ils purent se cacher, entre autres y compris Reinder Kloostra et Willy Donderwinkel (belle-famille) – ils ne furent arrêtés que beaucoup plus tard.

Le 2 septembre 1942, Herman Holstege, qui avait été arrêté, fut torturé à mort par les services de sécurité et un membre des services secrets de la police néerlandaise. Ses appels à l’aide émurent nombre de ceux qui les entendirent. Bien qu’il semblerait que Holstege n’ait fourni que de fausses informations, deux de ses plus proches collaborateurs furent arrêtés à Rotterdam au cours des deux jours suivants. Selon les informations obtenues grâce aux perquisitions à domicile et à la torture, environ 180 personnes furent arrêtées, dont 47 moururent, et 13 personnes partirent pour Dachau (12).

La deuxième vague d’arrestations eut lieu en mai 1942, principalement à Delft. Environ 80 communistes furent arrêtés : 7 d’entre eux moururent (deux furent exécutés et cinq ne survécurent pas au camp de concentration). La plupart de ceux qui avaient été arrêtés furent libérés, une vingtaine fut envoyée en camp de concentration, dont deux à Dachau (13).

La troisième vague d’arrestations commença en décembre 1942. La direction de la résistance communiste à La Haye tomba en effet dans un piège tendu par les services secrets néerlandais avec l’aide de Van Soolingen. Plus de 40 personnes furent arrêtées. Parmi celles-ci, 15 moururent : sept furent exécutées, sept périrent dans un camp de concentration et un – Tjerk Kloostra – reçut une balle dans la tête après un échange de tirs avec la police néerlandaise. Parmi les personnes arrêtées, neuf se retrouvèrent à Dachau. Parmi elles, il y avait Johan Kloostra et son beau-frère Willy Donderwinkel (14).

La quatrième vague d’arrestations eut lieu le 9 mars 1945. Quatre personnes furent arrêtées et trois exécutées le 12 mars. Une survécut, une femme ; elle fut libérée un mois plus tard. Elle avait eu un contact direct avec Van Soolingen. Au cours de ses interrogatoires, un membre des services secrets néerlandais révéla accidentellement des informations qui lui firent comprendre que Van Soolingen était un informateur des services secrets de la police. En raison de sa vigilance, toute l’histoire put être reconstituée après la guerre.

Après la guerre, on donna à une grande place de La Haye le nom du maire De Monchy, responsable de la mort d’au moins 130 résistants communistes.

Les historiens néerlandais n’ont jamais examiné attentivement le sort des résistants communistes.

Il y a des indices qui font penser que l’infiltration à La Haye, qui avait commencé en 1923 et s’était poursuivie pendant toute l’occupation allemande, a également eu lieu dans d’autres régions des Pays-Bas. On pense que le nombre total de décès dus à cette persécution politique se chiffre par milliers. Mais les autorités néerlandaises se sont davantage engagées dans la lutte contre la résistance communiste dirigée contre les Allemands. Le nombre total de ces décès est d’environ deux mille, soit environ les deux tiers de toutes les victimes communistes.

Quinze membres de la famille Kloostra et de leur belle-famille ont été impliqués dans la lutte contre le fascisme pendant la guerre d’Espagne et pendant la Seconde Guerre mondiale. Quatre d’entre eux ont été tués.

 

L’HISTOIRE DES 4 FRERES KLOOSTRA A DACHAU

 

Les personnes suivantes ont été emprisonnées à Dachau :

Arie Kloostra, né à Herpt le 6 mars 1918, décédé le 21 octobre 1998 à Epse. Arie a grandi dans une famille communiste et antifasciste.

Il avait six frères et cinq sœurs. Il était tapissier dans l’usine de meubles Pander à La Haye. La famille aidait les réfugiés communistes et juifs d’Allemagne en les accompagnant depuis la frontière pour protéger des adresses secrètes (des cachettes) et empêcher la police néerlandaise de les intercepter et de les renvoyer en Allemagne. Arie voulait rejoindre les Brigades internationales pendant la guerre d’Espagne, avec ses frères Johan et Henk et son beau-frère Leen Triep.

Parce qu’il avait moins de 21 ans, il était alors considéré comme mineur par la loi néerlandaise. Ainsi, le 17 avril 1937, ses parents et ses frères l’empêchèrent-ils d’aller avec ses frères. Il décida cependant de gagner l’Espagne en 1938. Il vendit sa moto. Il fit remettre l’argent à sa mère qui en avait grand besoin, partit sans dire au revoir et se rendit dans les Pyrénées, qu’il traversa en 16 heures de marche ; il arriva en Espagne le 12 mars 1938. Le même jour, il fut intégré aux Brigades Internationales. À l’été 1938, il participa à la bataille de l’Èbre. Près de Gandesa, il fut blessé au ventre par des éclats d’obus et plus tard une balle transperça son bras. La blessure fut soignée par le médecin néerlandais Gerrit Kastein, qui devait jouer un rôle très important dans la résistance communiste pendant la Seconde Guerre mondiale.

En novembre 1938, les troupes étrangères se retirèrent d’Espagne et Arie rentra aux Pays-Bas le 5 décembre. Bien que le gouvernement néerlandais ait promis par l’intermédiaire de la Société des Nations qu’il n’y aurait aucune conséquence pour les membres des Brigades internationales, Arie perdit sa nationalité néerlandaise, ce qui lui causera par la suite de nombreuses difficultés.

Son frère Henk ne revint jamais d’Espagne. En 2013, le fils d’Arie découvrit que Henk était mort du typhus, et il trouva, 75 ans après sa mort, la tombe dans laquelle Henk avait été enterré, avec quatre républicains espagnols, dans le cimetière de San Esteban de Litera.

Le neveu du directeur de Henk Pander, Philip Willem, qui était également membre du conseil d’administration, demanda à Arie de retourner à l’usine (15).

À son retour, il épousa Mathilda Petronella (Tilly) Rademakers. Avant la guerre, elle faisait partie du mouvement des jeunesses communistes «Tempo». Le président en était Bob Brandes. Elle prit des cours de danse avec l’activiste communiste Lien (Rebekka) Brilleslijper. Elles étaient toutes deux très actives au sein de l’organisation «Rode Hulp» (Red Aid), qui soutenait les Brigades internationales en Espagne. Son nouveau beau-frère, Cor Rademakers, fut arrêté le 10 juin 1941 et mourut le 15 juillet 1942 au camp de concentration de Groß Rosen.

Immédiatement après l’occupation allemande des Pays-Bas, Arie rejoignit la résistance communiste à La Haye. Il devint membre d’un petit groupe qui prit immédiatement les armes. Ce groupe comprenait d’autres anciens membres des Brigades internationales, dont Sally Dormits, qui plus tard, en 1942, devint le chef de la « milice du peuple néerlandais » (NVM) à Rotterdam. Ce groupe peut être considéré comme le point de départ de la NVM, qui mena une série d’attentats à la bombe contre des trains allemands. Cependant, Arie ne rejoignit pas la NVM, basée à Rotterdam (16).

Arie collabora également étroitement dans la résistance avec Bob Brandes et le réfugié communiste allemand Eberhard Rebling ainsi qu’avec leurs (futures) épouses respectives, Janny et Lien Brilleslijper. qui firent preuve d’un grand courage (17).

En août 1940, après une demande d’Herman Holstege de collecter des données sur la production, les fournisseurs et les acheteurs des entreprises, Arie apprit que Pander avait commencé à construire plusieurs milliers de skis (18).

Déjà, en mai 1940, le directeur, un fasciste fanatique, avait été appelé à Berlin et avait reçu une commande de skis pour les avions de transport Junkers 52.

Les Allemands ne cachaient pas leur objectif – une guerre d’hiver en Union soviétique. La production commença en août 1940. Pander dut embaucher 2 000 employés supplémentaires.

Arie rapporta immédiatement cette information au Parti communiste de La Haye et, par l’intermédiaire de plusieurs personnes, la nouvelle arriva à Daan Goulooze et Leon Trepper du groupe néerlandais de l’organisation des tisserands de la laine (Wollweberorganisation). Un message crypté fut envoyé à Moscou par radio. Cette nouvelle était probablement la première indication pour Staline que l’Allemagne préparait une guerre contre l’Union soviétique. On y apprenait aussi que l’armée allemande serait approvisionnée par voie aérienne, ce qui était également une information militaire très importante.

Le rapport d’Arie et l’envoi par l’Organisation Wollweber à Moscou, même sans avoir eu de réaction et d’information sur la planification de la guerre par Staline, ont pu être décisifs pour l’issue de la Seconde Guerre mondiale (19).

Un avion de transport Junkers 52 sur skis

En raison des arrestations massives dans les rangs de la résistance communiste suite à son infiltration par l’espion des services secrets de police Van Soolingen, Arie se cacha chez Cornelis Blom. Pour le dîner et peut-être aussi pendant la journée, il se rendait souvent chez l’épouse de Jan Keuvelaar à Peilstraat 33. Keuvelaar fut arrêté le 6 juin 1941 à cause de l’informateur Van Soolingen et fut déporté aux camps de concentration de Buchenwald, Neuengamme et Dachau. Keuvelaar faisait partie du transport de la mort du 1er août 1942 de Neuengamme à Dachau. Il a survécu à la guerre.

Le 7 octobre 1942, les services de sécurité firent une descente dans la maison de Keuvelaars. Arie réussit à s’échapper de la maison et se mit à courir en zigzag dans la rue, comme il l’avait appris pendant la guerre d‘Espagne. Il se rendit quand le service de sécurité se mit à tirer. L’épouse de Keuvelaar n’ayant pas été arrêtée, Arie était probablement la cible des services de sécurité. La manière dont le service de sécurité avait obtenu les informations requises est inconnue. Dans la prison surnommée «Oranjehotel», il fut interrogé par les services de sécurité et le policier Johannes Hubertus Veefkind des services secrets. Ce policier surveillait les communistes depuis 1926. Dans son uniforme de police, Veefkind espionnait les réunions du parti communiste avant la guerre. Arie le reconnut grâce à cela. Veefkind le frappa à la tête à plusieurs reprises au cours de l’interrogatoire avec une matraque et le maltraita de bien d’autres façons. Le 2 mars 1943, il fut transféré au camp de concentration d’Herzogenbusch, où il dut travailler dans le ‘Kommando Philips’. Il arriva à Dachau le 24 mai 1944.

À l’automne 1944, quatre des frères Kloostra étaient emprisonnés à Dachau en même temps : Arie, Jan, Johan et Rein. Les frères Arie et Johan restèrent dans le bloc « interbrigadiste » (une baraque spécialement construite pour les anciens combattants de la guerre d’Espagne). Plus tard, il fut rattaché avec son frère Johan au sous-camp de Steinhöring. Là, il dut travailler pour l’Institut Lebensborn. Dans cet institut, des femmes célibataires étaient mises enceinte par des hommes anonymes afin de mettre au monde des enfants aryens «racialement» purs. Peu de temps avant la libération, Arie fut ramené à Dachau. Là, il reçut l’ordre des SS de rembourrer un fauteuil. L’organisation clandestine communiste de Dachau lui demanda de cacher un pistolet Luger. Aria cacha l’arme dans le fauteuil.

Après la libération, il récupéra le pistolet et le rapporta aux Pays-Bas.

Le Luger qu’Arie avait caché dans un fauteuil

Peu de temps avant la libération, Arie et son frère Johan furent sélectionnés pour ce qu’on appelait une marche de la mort, dont la destination était inconnue. On s’attendait à ce que la plupart, ou peut-être même tous les prisonniers sélectionnés, meurent au cours de cette marche.

Un ancien combattant allemand de la guerre d’Espagne reconnut les deux frères et inscrivit leurs noms sur la liste des « trafiquants du marché noir ». Pour le reste de leur vie, ils eurent le sentiment amer d’avoir survécu au détriment d’autres prisonniers.

Arie fut libéré par l’armée américaine le 29 avril 1945 à 17 h 28.

L’un des libérateurs américains était Louis Gordon, qui avait combattu Franco dans la brigade américaine Lincoln. Comme le bataillon néerlandais, il avait participé à la grande bataille de l’Èbre à l’été 1938. Il fit en sorte que le bus américain soit donné aux Néerlandais. Le fils d’Arie put rencontrer Louis Gordon en 2001 à Madrid lors d’une commémoration de la guerre d’Espagne.

Beaucoup de prisonniers libérés d’autres pays purent rapidement rentrer dans leur pays d’origine, mais pas les Néerlandais. Le Néerlandais Hans Teengs Gerritsen, libéré à Dachau, organisa un bus de retour et demanda de l’aide pour l’évacuation des autres Néerlandais de Dachau. Il y avait 18 personnes libérées dans le bus, dont Arie et Johan.

En effet, à leur retour, ils purent organiser une mesure d’évacuation. En 1987, un livre fut publié décrivant le voyage de retour en bus (20).

En 1945, il retourna travailler à l’usine Pander, mais dut s’arrêter fin 1947 en raison de sa mauvaise condition physique. Il demanda la pension des travailleurs de la résistance – une pension pour les résistants qui n’étaient plus en mesure de travailler. En raison des blessures subies en Espagne et des mauvais traitements à Dachau, Arie fut finalement déclaré incapable de travailler en 1953 et reçut une pension.

Il continua ses activités au sein du parti communiste. Bien qu’il ait lui-même retrouvé sa citoyenneté à la fin des années 1950, il continua à lutter pour que ses camarades de la guerre d’Espagne recouvrent leur nationalité (bien que de nombreux volontaires espagnols aient pris part à la résistance, les derniers combattants espagnols n’ont récupéré leur citoyenneté que dans les années 1980. Les volontaires fascistes néerlandais pour Franco en Espagne n’ont jamais perdu leur citoyenneté et les volontaires SS néerlandais impliqués dans des meurtres de masse en Union soviétique ont retrouvé leur citoyenneté au début des années 1950).

Les combattants de la guerre d’Espagne Arie Kloostra (à gauche) et Piet Laros (à droite) manifestent près du parlement néerlandais pour le retour de la citoyenneté à tous les anciens combattants espagnols, 1969.

Après le retour de la démocratie en Espagne, Arie devint citoyen d’honneur espagnol.

En 1968, il collecta de l’argent et des biens pour le peuple vietnamien afin de soutenir sa lutte contre les États-Unis et leurs cruelles marionnettes du Sud-Vietnam.

En compagnie d’Eberhard Rebling et de son épouse Lien Brilleslijper, il remit les dons collectés à l’ambassadeur du Vietnam à Berlin. Lien est connue sous son nom d’artiste « Lin Jaldati ».

(À gauche) Arie et Tilly Kloostra-Rademakers et (à droite Lien et Eberhard Rebling-Brilleslijper -1968- à l’ambassade du Vietnam à Berlin.

 

Jan Kloostra, né à Nieuw-Lekkerland le 19 février 1907.

Jan était typographe de profession. Il épousa Saartje Marijtje Schellingerhout. Tout de suite après le début de l’occupation allemande des Pays-Bas, il participa, comme ses 6 frères et plusieurs belles-sœurs, à la résistance communiste à La Haye. Avec son frère Johan et son beau-frère Leen Triep, il rejoignit un groupe qui, entre autres, sabotait des véhicules et des câbles téléphoniques.

Il fut arrêté au matin du 6 juin à 7 heures, sur la base de renseignements qui avaient été fournis par l’informateur de la police Van Soolingen. Le même jour, il fut interrogé par Veefkind des services secrets de la police. Quelques semaines plus tard, Veefkind dit à Saartje: « Vous êtes tous de grands menteurs et je veillerai à ce que vous ne revoyiez jamais votre mari. » Le 15 mars 1942, il fut transféré au camp de transit de la police d’Amersfoort et le 31 mars 1942 au camp de concentration de Buchenwald. Le 21 avril 1942, il fut envoyé au camp de concentration de Groß Rosen.

À Groß Rosen, on dit aux prisonniers que Groß Rosen équivalait à 90 jours, ce qui signifiait qu’ils mourraient dans les 90 jours. Presque tous les détenus devaient travailler dans une carrière. Le travail était extrêmement dur et ils étaient fréquemment battus. Les journées de travail étaient très longues et pour le dîner, ils n’avaient qu’une tasse de liquide tiède à boire et une petite feuille de chou. Bientôt, les premiers prisonniers succombèrent à ces traitements. Début juin, la plupart d’entre eux apprirent qu’ils étaient dans la catégorie «Nuit et Brouillard», et qu’ils ne pouvaient donc ni écrire ni recevoir de lettres ou de colis. Les colis de vivres sauvaient de nombreuses vies. À la fin de juillet 1942, plus de la moitié des prisonniers étaient morts.

Le 12 septembre 1942, Jan fut transféré à Dachau. Tous étaient en très mauvaise condition physique. Ils pesaient environ 40 kg ou même moins. En franchissant la porte de Dachau, ils pouvaient sentir leurs organes internes dans leur poitrine et leur cavité abdominale danser de haut en bas car ils n’étaient plus retenus par la graisse corporelle. Peu de temps après leur arrivée, d’autres prisonniers succombèrent.

Dachau reçut de Berlin l’ordre de maintenir les prisonniers en vie : il y avait une pénurie de main-d’œuvre, car de nombreux Allemands étaient envoyés au front en Union soviétique. En conséquence, les prisonniers de Groß Rosen reçurent beaucoup de nourriture et même de la crème, ce que les citoyens allemands pouvaient difficilement obtenir. En janvier 1943, l’état des prisonniers s’était suffisamment amélioré pour qu’on puisse les envoyer travailler. En 1943, Jan fut sélectionné, ainsi que plusieurs autres prisonniers de Groß Rosen, pour des expériences médicales. Dans la baraque numéro 5, on les plaçait dans des baignoires remplies d’eau et de glace où on les maintenait jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance. Ensuite, on les couchait nus dans un lit à côté d’une prostituée. Le but était de rechercher la méthode la mieux adaptée pour sauver la vie de pilotes abattus et tombés dans de l’eau glacée. Plusieurs prisonniers moururent pendant ces expériences, mais Jan survécut. En raison de ces expériences, Jan ne fut pas envoyé, comme beaucoup d’autres prisonniers communistes de Groß Rosen, au camp « Nuit et Brouillard» de Natzweiler.

De fin mai à décembre 1944, les quatre frères Kloostra, Jan, Arie, Johan et Rein, étaient à Dachau en même temps.

 

Johan Kloostra, né à Rotterdam le 29 mars 1916, décédé à Alphen aan den Rijn le 27 octobre 1991

Johan grandit dans une famille de 12 enfants. Toute la famille était communiste et tous devinrent antifascistes. Il était dessinateur industriel. Son surnom était « Jo ». Dans les années trente, il se tenait souvent sur une caisse orange au centre de La Haye et faisait des discours contre le fascisme. Il aidait des réfugiés juifs et communistes à traverser la frontière germano-néerlandaise et les amenait dans des cachettes sûres pour empêcher la police néerlandaise de les attraper et de les renvoyer en Allemagne.

Avec son frère Henk et son beau-frère Leen Triep, il partit pour l’Espagne le 4 avril 1937 pour rejoindre les Brigades internationales en tant que volontaire. Après la fin de la guerre et la dissolution des Brigades, il fut interné en 1938 dans un campement clôturé de barbelés sur la plage près d’Argelès sur Mer, dans le sud de la France. Il y avait environ 74 000 réfugiés dans ce camp : des Espagnols et des volontaires étrangers des Brigades internationales. La situation dans le camp était si mauvaise qu’on aurait pu le qualifier de camp de concentration: beaucoup moururent de faim et des conditions de vie, d’hébergement et d’hygiène déplorables. Bientôt, Jo put quitter le camp et arriva aux Pays-Bas en mars 1939. Là, il fut déchu de sa nationalité néerlandaise.

Johan au front (2e en partant de la droite, avec la casquette).

Immédiatement après l’occupation allemande des Pays-Bas en mai 1940, il rejoignit la résistance communiste à La Haye. Avec son frère Arie et son beau-frère, il rejoignit un groupe qui, dès le début, prit les armes et se mit à saboter des véhicules et des câbles téléphoniques. Plus tard, Jo participa à la fabrication de tickets de rationnement et de papiers d’identité. Jo utilisait le nom de code « Wim ». Le 24 décembre 1941, il épousa Dina van Rijsdam. À l’automne 1942, il était le courrier entre son frère Tjerk Kloostra et Jaap Boekman, le nouveau chef de la résistance communiste à La Haye. Boekman fut arrêté par les services de renseignement de la police le 21 décembre 1942 après avoir été attiré dans un piège par Van Soolingen. Boekman, même cruellement torturé, garda le silence, mais un codétenu de sa cellule l’incita à parler de ses expériences dans la résistance. Ce codétenu était un informateur. C’est ainsi que les services de sécurité obtinrent nombre d’informations sur la résistance communiste et qu’un grand nombre de communistes résistants purent être arrêtés. Jo fut aussi arrêté le 10 mars 1943 et son beau-frère Willy Donderwinkel le 17 février 1943. Jo fut incarcéré à La Haye (dans le «Oranjehotel») et à Utrecht.

En juin 1943 eut lieu un procès contre d’autres membres importants du groupe Boekman devant la cour martiale de la marine à Utrecht. Quatre d’entre eux furent condamnés à mort et exécutés. Après le verdict, Jo et Willy arrivèrent au camp de concentration d’Herzogenbusch le 6 octobre 1943, où se trouvaient déjà leurs frères Arie et Rein. Jo fut affecté au commando Philips. À peu près au même moment, son beau-frère Willy Donderwinkel fut également amené au camp d’Herzogenbusch. Les trois frères arrivèrent ensuite à Dachau le 24 mai 1944. À l’automne 1944, quatre des frères Kloostra étaient à Dachau en même temps : Arie, Jan, Johan et Rein. Jan partit ensuite pour le sous-camp de Steinhöring. À Steinhöring, il a dû travailler comme chauffagiste à l‘institut Lebensborn. Peu de temps avant la libération, il revint à Dachau.

L’Institut Lebensborn de Steinhöring.

Peu de temps avant la libération, Arie et son frère Johan furent sélectionnés pour ce qu’on appelait une marche de la mort, dont la destination était inconnue. On s’attendait à ce que la plupart, ou peut-être même tous les prisonniers sélectionnés, meurent lors de cette marche.

Un ancien combattant allemand de la guerre d’Espagne reconnut les deux frères et inscrivit leurs noms sur la liste des « trafiquants du marché noir ». Pour le reste de leur vie, ils eurent le sentiment amer d’avoir survécu au détriment d’autres prisonniers.

La libération eut lieu le 29 avril.

Après la libération, ils aidèrent les Américains à retrouver les officiers SS cachés. Beaucoup de prisonniers libérés purent assez vite regagner leurs pays d’origine, mais pas les Néerlandais ; le Néerlandais Hans Teengs Gerritsen, libéré de Dachau, organisa alors un bus de retour et demanda de l’aide pour évacuer les autres Néerlandais de Dachau. Il y avait 18 prisonniers libérés dans le bus, dont Arie et Johan. Dès leur retour, ils purent organiser une évacuation.

Le récit de ce retour fut publié en 1987.

Le bus à Dachau le 17 mai, peu avant son départ pour les Pays-Bas : 2e à droite avec la casquette, Arie ; au-dessus de lui à la fenêtre avec casquette et lunettes de soleil, Johan ; au premier rang: 3e de droite à gauche Ed Hoornik, Hans Teengs Gerritsen, Jaap Mesdag, Carel Steensma. Ainsi que Willem Brugsma, Louis van Dungen, Dirk de Loos, Piet Maliepaard, Freek Niemeijer, Johan Post Uiterweer, Jannes van Raalte, Nico Rost, Frits Steen, Cas Vermeulen, Bram Wolff

 Après la guerre, Jo travailla dans les chauffages et fut promu chef de projet. Il travailla également dans l’entretien de bâtiments gouvernementaux. En raison de problèmes de santé hérités de sa captivité, il prit sa retraite à l’âge de 52 ans. Il était plein d’humour, optimiste et responsable. Il aimait discuter de questions politiques et resta actif au sein du parti communiste. Il eut trois enfants. Son passe-temps était de faire des films et de dessiner. Il adorait ses petits-enfants, qu’il filmait souvent. Ses dessins étaient magnifiques.

 

Reinder Kloostra né à La Haye le 7 décembre 1912

Rein Kloostra de nombreuses années après la guerre.

On l’appelait Rein. Avant la guerre, il était cuisinier et boucher. Il épousa avant la guerre Jansje Nijhuis. Tout de suite après l’occupation allemande des Pays-Bas, il rejoignit la résistance communiste à La Haye. Il devint courrier entre deux grands groupes de résistance communistes. La résistance avait été infiltrée par l’informateur Van Soolingen. À l’été 1941, Rein échappa à l’arrestation et put se cacher. Cependant, son nom avait été mis sur une liste de personnes recherchées. Il poursuivi ses activités de résistance en imprimant de fausses cartes d’identité pour les Juifs. Il imprima également les journaux clandestins « De Waarheid »  (communiste) et « Vrij Nederland » (plus ou moins de droite) et les distribua. Le 6 août 1942, dans une épicerie, il voulut payer avec un ticket de sucre. Le propriétaire du magasin s’aperçut que le ticket était faux, ce que Rein ne savait pas. Comme il se cachait, il avait en effet obtenu ce ticket de la résistance communiste. La police fut appelée et Rein arrêté. La police découvrit sa véritable identité et qu’il était sur une liste de personnes recherchées. Il fut alors remis aux services de sécurité. Il fut alors maltraité par deux agents des services de sécurité et Veefkind des services secrets de police: il fut à coups de pied, battu avec une matraque, étranglé, jeté contre une armoire, etc.

Il fut ainsi, indirectement, victime des ordres du maire de continuer à infiltrer activement la résistance. Le 10 novembre 1943, il fut envoyé au camp de concentration d’Herzogenbusch, où il dut travailler dans le commando Philips. Il arriva à Dachau le 24 mai 1944 et à Buchenwald le 12 décembre. Entre mai et décembre 1944, quatre frères Kloostra étaient à Dachau en même temps.

Après la guerre, il devint fonctionnaire au Département des bâtiments d’État. Dans les années soixante, il rendait souvent visite pendant la pause déjeuner à son camarade Wim Harthoorn, qu’il connaissait de la résistance. Ce dernier habitait près du bureau où travaillait Rein (Wim avait été à deux reprises à Dachau).


Notes et références

[1] R. Harthoorn, Zelfmoord op laagwater (Suicide en eau peu profonde), Van Gruting, 2011, ISBN 9789075879483.  

(2) Martin H. Geyer, Capitalisme et morale politique dans l’entre-deux-guerres. Ou encore, Qui fait la guerre Julius Barmat. Verlag des Hamburger Instituts für Sozial-forschung, 2018, ISBN 978-3-86954-319-3.

(3) De Telegraaf, 19-1-1935.

(4) En 1940, Reinhard Heydrich devint chef de l’IKK et Heinrich Müller un membre. Le 20 janvier 1942, Heydrich et Müller rencontrèrent Adolf Eichmann dans le bâtiment des invités de l’IKK à Wannsee. Lors de cette réunion, des plans furent élaborés pour exterminer les Juifs d’Europe. Ainsi, l’Holocauste peut être défini comme un projet de l’IKK.

(5) Rapport sur la réunion des 4 et 5 janvier 1935 entre Broekhoff et les membres du département de lutte contre le communisme du RSHA à Berlin, Collectie Moskou, NIOD, Amsterdam.

(6) Selon l’historien néerlandais Guus Meershoek, Broekhoff et Müller avaient une relation homosexuelle. Guus Meershoek, Dienaren van het gezag. De Amsterdamse politie tijdens de bezetting (Les fonctionnaires de l’Autorité. La police d’Amsterdam pendant l’occupation), Van Gennep, Amsterdam, 1999, ISBN 9789055152230 (thèse). On connaît une lettre d’amour érotique de Broekhoff à « Anna », surnom de Müller. Lettre du commissaire de police J.W. Kallenborn au directeur général de la police, 7-1-1946, Archives de la police du ministère de la Justice, maintenant aux Archives nationales.

(7) « Circulaire » du ministre de la justice Goseling aux maires des Pays-Bas, ministère de la justice, Dep. A.S., n° 2350 Zeer Geheim (Très secret), 25-4-1938.

(8) « Mededelingen van het hoofdcommissariaat » (Avis du commissaire en chef) n° 271, 15.5.1940, PA, n° 432, Inv. n° 546, HGA. La déclaration mentionne que le Service de renseignement reste inchangé et sera placé sous l’autorité du Commissariat de la police des mœurs, ce qui implique que le Service de renseignement doit continuer à fonctionner. Une telle réorganisation nécessite l’approbation du maire, qui est le chef de la police.

(9) Biographie de Johannes Hubertus van Soolingen dans son dossier de grâce, Archives nationales. Dans sa biographie, il avoue qu’il a infiltré le KPN de La Haye dès janvier 1923 sur ordre du service de renseignement et mentionne que ce dernier l’a contacté quelques semaines après l’invasion allemande pour lui demander de poursuivre l’infiltration.

(10) Déclaration de Christiaan van Spronsen, ancien prisonnier de Dachau, dans sa demande de pension de résistant en 1979, selon laquelle Van Soolingen faisait partie de son groupe de résistance, Stichting (Fondation) 1940-1945, en 1941. Communication confidentielle sur le KPN illégal à La Haye » de Johannes Hubertus Veefkind, selon laquelle Van Soolingen l’avait informé qu’un groupe de communistes était actif à Delft, Archives centrales, procédure pénale spéciale (CABR) 107, dossier Veefkind, Archives nationales. En conséquence de cette deuxième infiltration, 75 arrestations eurent lieu, dont 7 aboutirent à un décès. Dans le même dossier, Veefkind rapporte que van Soolingen l’avait informé qu’il avait de nouveau infiltré le KPN. Il s’est avéré que c’était avec Johannes Philippus Bronkhorst (ancien prisonnier de Dachau). Cette troisième infiltration entraîna plus de 50 arrestations et une trentaine de morts par l’infiltration du leader de la résistance communiste juive, Jacob Boekman. Les témoignages des agents de renseignement Cornelis Bakker, Cornelis Heijnis et Jilis van der Waard, respectivement CABR 71245, 431 et 308, montrent comment Van Soolingen a attiré Boekman dans un piège. Fin 1944, Van Soolingen a de nouveau infiltré le KPN, ce qui a donné lieu à trois fusillades. Confession de Van Soolingen dans ses dossiers à la CABR, dossiers 76478 et 91269.

(11) Les personnes arrêtées lors de la première opération d’infiltration qui passèrent une partie de leur incarcération à Dachau sont: Hendricus Arendse, Martinus van Beek, Balt de Buijzer, Johannes Bronkhorst, Hendrik Küchenchef, Krijn Küchenchef, Cornelis Compter, Johannes van Driel Johannes Duhen, Carel Duran, Johannes Gisolf, Niucolaas de Goede, Letho van Gool, Gerrit Guit, Albert de Haas, Willem Harthoorn, Hendrik Holstein, Bernardus Huisman, Simon de Jong, Jan Keuvelaar, Jan Kloostra, Evert van Kommer, Teunis van der Kroft, Johannes Kuiper, Jacobus Lezwijn, Jan Lepelaar, Jacobus Marijt, Johannes Montfoort, Cornelis Neven, Johannes Onvlee, Maarten Oort, Franziskus van Ophem, Henricus Paalvast, Bastiaan van Pouderoijen, Frederik van Sandwijk, Markus Schmaal, Cornelis Simonia Spronsen, Franziskus van der Stal, Cornelis van Staveren, Johannes Teske, Willem Theil, Leendert Vogel, Paulus van Wandelen, Hendrik van Welzen, Nicolaas Wijnen, Frederik Willems, Simon Wolff, Alexander van Wouw.    

(12) Les personnes arrêtées qui passèrent une partie de leur emprisonnement à Dachau en raison des tortures infligées par Herman Hosltege sont : Grrit Bom, Arie Donker, Johannes van Dooren, Dirk Keiser, Frederik Kok, Jacobus Mackaij, Casparus Markenstein, Pieter van der Ster, Cornelis Tazelaar, Hendrikus Toor, Rederik Urbanus, Gerardus Vleugels, Adrianus Wijngaard.

(13) Les personnes arrêtées de la deuxième action d’infiltration qui passèrent une partie de leur emprisonnement à Dachau sont: Hendrik Bosch et Gerard van der Lee.

(14) Les personnes arrêtées suite à la troisième action d’infiltration qui ont passé une partie de leur emprisonnement à Dachau sont : Jacob Bijl, Evert Brand, Willem Herder, Lodewijk Jansen, Rokus Kleingeld, Johan Kloostra, Gijsbert van Münster, Wilhelmus de Vries.

(15) Hendrik Pander était un membre fanatique du parti fasciste NSB, mais son neveu Philip Winter, également membre du conseil d’administration, était un antifasciste. Philip rejoignit la résistance (non communiste) et fut exécuté le 10 avril 1945.

(16) La quasi-totalité du NVM fut arrêtée entre octobre 1942 et février 1943, ce qui entraîna l’emprisonnement d’environ 350 membres, dont environ 160 perdirent la vie. Le service de sécurité découvrit un lien avec un groupe de résistance communiste dans l’usine Hollandia-Kattenburg près d’Amsterdam. Cette usine comptait de nombreux employés juifs. Plus de 300 Juifs et leurs proches furent immédiatement arrêtés. Plus de 900 personnes furent ainsi arrêtées, envoyées à Auschwitz et immédiatement gazées.

(17) Bob Brandes, Eberhard Rebling et les sœurs Jannie et Lien Brilleslijper organisèrent une cachette, principalement destinée aux Juifs, dans une villa de luxe appelée « t Hooge Nest » (le nid en hauteur), qui était aussi un lieu de rencontre pour la résistance communiste. Les Allemands découvrirent la cachette et les sœurs furent déportées à Auschwitz et à Bergen-Belsen. Toutes deux survécurent. À Bergen-Belsen, elles firent la connaissance d’Anne et Margot FRANK et devinrent amies à cette époque. Parmi ceux qui avaient pu se cacher, se trouvaient leurs parents et un frère. Ils ne survécurent pas.

En 2018, le livre « t Hooge nest », de Roxane van Iperen (ISBN 9789048841783) a été publié. Une traduction anglaise a été publiée sous le titre: « The sisters of Auschwitz » (IBN 9781841883731). La version allemande est « Ein Versteck unter Feinden ». Bientôt, le livre sera publié dans d’autres pays et d’autres langues, et en 2021, le livre fera l’objet d’un film.

(18) Pander avait de l’expérience dans la production d’avions au début des années 1930. Pander déclara aux responsables qui avaient passé le contrat de construction du train d’atterrissage que sa conception en était défectueuse. Néanmoins, Pander reçut l’ordre de les construire. Il semble qu’ils aient été effectivement inutilisables. Plus tard, Pander conçut et construisit des hayons hydrauliques pour les avions Junkers-52 afin de charger des mini-tanks. Il construisit également des milliers de planeurs à des fins d’entraînement.

(19) L’Institut néerlandais de recherche sur la guerre (NIOD) ne considère pas la branche néerlandaise du groupe Wollweber comme un groupe de résistance, bien que le groupe ait envoyé à Moscou, avant et pendant la guerre, des nouvelles sur la situation aux Pays-Bas et des informations provenant de l’intérieur de l’Allemagne. Ces informations furent amenées à plusieurs reprises de l’autre côté de la frontière de manière illégale par la résistance communiste allemande. Les noms des membres du groupe furent donnés à la Gestapo par le service de renseignement de la police de Rotterdam à la fin de 1937. Ils furent presque tous arrêtés au cours de l’été 1940 et furent exécutés ou moururent en camp de concentration.

(20) Jos Schneider en Gijs van de Westelaken, De bus uit Dachau (Le bus de Dachau), 1987, ISBN: 9789460038679, deuxième édition2018; ISBN:9789460038303

Publié en décembre 2020
Mario Kloostra (fils d’Arie) (RH).
Prades sur Vernazobres, France.
corbere565@gmail.com